Où qu’il aille
Pour y mettre la pagaille
Le pauvre renard, fichue canaille
S’en revient, dépité, mis sur la paille.
Les fermiers connaissent l’animal
Ils savent combien il leur fait du mal
Portes et grillages, barres de métal
Protègent les poules du prédateur inamical
Las de trouver tant de forteresses closes
Les fieffés coquins, d’humeur morose
Ont tenu conclave pour traiter de la chose
De se voir empêchés, ils avaient leur dose
De quel droit, se disent ils en chœur
Les fermiers de malheur
Entravent-ils notre métier de tueurs
Mettent à l’abri poules et consœurs ?
Un vote fut fait sur le champ
Les renards unanimes comme rarement
Ont plébiscité la liberté de leurs dents
Aiguisées pour leurs vitaux penchants
Croquer la chair du gallinacé, à volonté
Est ce à quoi leur existence est affectée
Quiconque s’y oppose mérite d’être détesté
Voire traduit en justice et exécuté
L’un d’eux se proposa d’aller au combat
Il monta sur le ring, tricha et gagna
Ses acolytes l’encensèrent fissa
La belle vie pour eux tous était là
Les enclos, les bardages, les ferrures
Disparurent à vive allure
Les fermiers durent renoncer aux serrures
Plus aucune poule ne devait être en lieu sûr
Le rêve ancestral de la bête affamée
Se réalisait, la marche triomphale était entamée
L’ennemi, protecteur des faibles, enfin désarmé.
La fête des libres dévoreurs pouvait s’enflammer
Bernard