Davantage qu’avec sa famille qui souvent vit éparpillée à travers le monde, c’est avec son voisinage immédiat que l’on passe l’essentiel de ses jours.
On les choisit rarement, ses voisins. Ils sont déjà là quand on emménage ou ils arrivent et s’installent sans crier gare.
On se découvre alors et commencent les surprises.
Bonnes et mauvaises.
Comme à la loterie.
Parce que chacun considère que ,« chez lui », il fait ce qu’il veut, la proximité peut être infernale.
On ne compte pas le nombre de drames qui résultent de l’irrespect d’autrui. Tapages nocturnes, aboiements de chiens, utilisation intempestive de machines à moteur thermique, absence totale d’égards voire agressions à tout propos, on a beau se retrancher entre ses quatre murs, l’hostilité suinte à travers.
Tous les voisinages, heureusement, ne se ressemblent pas. Il est en de très harmonieux.
L’entraide au quotidien fonctionne à merveille pour celles et ceux qui comprennent que tout le monde est gagnant, lorsque l’on se témoigne de l’attention et de la gentillesse. Il devient naturel d’avoir le réflexe du partage plutôt que celui de l’isolement.
L’existence de tout un chacun est suffisamment lestée de problèmes pour ne pas en rajouter inutilement. C’est l’allègement qui doit être recherché. Se rendre mutuellement des services, parce que tout le monde le vaut bien, change la vie dans le bon sens. Il faut y mettre un peu du sien, c’est sûr.
Mille et un détails contribuent à notre bien être ou nous empoisonnent l’existence. Vivre en réseau et paisiblement, avec ses voisins non choisis, compte pour beaucoup dans le sentiment de bonheur. C’est à partir d’une expérience heureuse de ce genre que prend corps le rêve d’une humanité tout entière prise au jeu d’un voisinage sympathique.
Les rixes au sujet d’une branche qui dépasse, d’un papier gras balancé de l’autre côté de la clôture, d’une incivilité quelconque, peuvent ne pas dégénérer en guerre de tranchées. « Nous sommes donc tous des humains ». Nous pouvons donc décider de trouver des issues pacifiques à nos différents.
Pour régler un conflit il faut l’accord de toutes les parties. Il suffit du refus d’une seule, pour que tout échoue. Il vaut toujours mieux ne pas être celle qui rend la paix impossible. Ne pas jeter d’huile sur le feu, non plus.
Et puis, il se produit parfois un « quelque chose » qui ouvre une brèche inattendue par laquelle on peut entrer dans le blocage d’autrui.
Comme pour nos veines, notre esprit peut souffrir d’une thrombose. Un caillot peut l’obstruer.
D’où vient-il ?
Mystère.
L’essentiel est de l’exploser ou de le dissoudre.
On n’a encore jamais trouvé meilleur moyen d’y parvenir que de multiplier les marques d’affection. Mais nous manquons souvent de la patience et de la persévérance nécessaires. Quand ça fonctionne, c’est pure merveille. Vivre en bon voisinage avec le plus grand nombre est une exquise douceur. A se procurer et à procurer.
Bernard Rodenstein