Conférence sur le bocage charolais-brionnais
Dominique Fayard
Docteure en histoire
Directrice du PETR du Pays Charolais-Brionnais
La formation d’un paysage d’élevage, le bocage du Charolais-Brionnais
Le Charolais est connu à travers le monde pour son élevage et la qualité de la viande qu’il produit. Il ne l’est pas pour son paysage. Pourtant, l’activité agropastorale qui s’est développée dans cette petite contrée du sud de la Bourgogne, à partir du XVIIIe siècle, autour de l’élevage et de l’embouche – engraissement à l’herbe – de la race bovine charolaise et de sa commercialisation est à l’origine d’un paysage remarquable : un bocage.
Le bocage est un paysage agraire fait d’une mosaïque de parcelles (champs cultivés, prairies) et de réseaux de haies. En Pays Charolais-Brionnais, la formation du paysage de bocage résulte du développement de l’élevage et de l’embouche des bovins charolais dès l’époque moderne. À partir de la trame paysagère médiévale préexistante, les éleveurs et leurs troupeaux façonnent au fil des siècles un paysage bocager dédié à l’élevage. Tandis qu’un vaste mouvement de couchage en herbe s’opère, le paysage s’embocage. Les linéaires de haies et les arbres se multiplient. Épargné par le remembrement de l’après Seconde Guerre mondiale, le bocage du Charolais-Brionnais a conservé, malgré d’inéluctables évolutions, son apparence et ses éléments constitutifs : prairies, haies, arbres, mares, réseaux hydrauliques, murets de pierre sèche, bâti rural.
Le maintien dans le temps des éléments constitutifs du paysage dans des formes proches de leur forme initiale et une persistance d'un rôle actif du bocage dans le fonctionnement du système d'élevage contribuent à sa valeur. Face aux évolutions économiques et sociales qui ont touché les sociétés rurales au long de l'histoire, le système d'élevage charolais et le paysage ont fait preuve d'une grande capacité de résilience. Ce système durable a fait ses preuves et répond aux préoccupations actuelles de la société et aux attentes des consommateurs en matière alimentaire et environnementale. Il revêt ainsi une importance culturelle et naturelle exceptionnelle qui transcende les frontières nationales.
Représentatif du vaste mouvement d’embocagement qui a concerné de nombreuses régions françaises à la fin de l’Ancien Régime et au XIXe siècle, le paysage culturel évolutif vivant de l’élevage bovin charolais est en train de devenir un « archétype », sorte d'idéal de campagne dans les représentations contemporaines et mérite, à ce titre, d'être valorisé.
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RDV le jeudi 11 décembre 2025 à 20h à la salle des fêtes Commune de Dyo