Les obsèques de l'ancien maire de La Machine, René Vingdiolet, ont eu lieu à l'église samedi 6 avril au matin.
C'est une figure emblématique de la commune qui disparaît, à qui nous devons de nombreuses réalisations, telles que la salle polyvalente, l'école maternelle, la rénovation de la mairie, le Foyer des Roses, le Foyer des Marizys, le musée de la Mine, entre autres...
Pour lui rendre un dernier hommage, nous publions ici l'éloge funèbre que Daniel Barbier, le maire actuel, lui a adressé samedi dernier lors des obsèques:
"Le prodige de ce grand départ céleste qu’on appelle la mort, c’est que ceux qui partent ne s’éloignent point. La beauté de la mort, c’est la présence. Présence inexprimable d’une âme aimée, souriant à nos yeux. Ici l’âme ressaisit l’infini ; ici elle recouvre sa plénitude ; ici elle rentre en possession de toute sa mystérieuse nature. Elle est déliée du corps, déliée du besoin, déliée de la fatalité. La mort est aussi la plus grande des libertés.
Cet extrait du discours de Victor Hugo sur la tombe de la fiancée de son 2ème fils en 1865 entre en résonance dans cette église de La Machine où nous accompagnons René.
Oui être fidèle à René, c’est continuer d’aimer le vivant qu’il fut et qu’éternellement il demeure.
Né le 7 décembre 1925 à La Machine, de père et grands-pères mineurs de fond, il a effectué sa scolarité à l’école primaire “Schneider” puis a poursuivi son cursus en suivant ce qui s’appelait alors le cours spécial.
Le 8 septembre 1941, il rejoint le monde du travail aux houillères de La Machine en qualité d’ouvrier professionnel au service d’entretien. Il restera en poste à la mine 32 ans et 10 mois avec cependant une interruption du 12 août 1944 jusqu’en février 1945 puisqu’il a rejoint les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). Par la suite, il occupe un poste d’ajusteur à son retour sur le carreau et il adhère au syndicat des Mineurs Force Ouvrière et milite dès 1945 dans le mouvement socialiste.
Le 31 juillet 1974, c’est l’arrêt de l’activité minière et il rejoint la Société de Panneaux et Particules du Morvan (SPPM) en tant que contremaître jusqu’à sa retraite venant couronner 39 ans et 9 mois d’exercice.
Il est élu conseiller municipal le 3 mai 1953 sur la liste conduite par Gustave Grillas, réélu le 8 mars 1959 et le 14 mars 1965 où il est désigné 1er adjoint à compter du 21 mars 1965.
René devient Maire le 14 novembre 1968, il est reconduit en 1971, 1977 et 1983.
36 ans au service de sa commune dont 21 ans comme Maire.
Bel engagement citoyen à la disposition des autres.
Une vie d’élu dense, riche malgré un contexte difficile dû à l’arrêt de l’activité minière et une reconversion peu évidente.
Modernisation des réseaux d’eau, d’assainissement, d’éclairage public ; restructuration et modernisation des services municipaux ; achat de bâtiments des houillères en vue d’y installer le Musée de la Mine, d’offrir une salle des fêtes moderne, d’aménager le bois des Sœurs ou les stades ; de donner naissance au quartier des Marizys... te mobiliseront sans relâche.
Aujourd’hui nous ne pouvons que t’offrir le tribut de gratitude que nous te devons !
Ton engagement va bien au-delà des frontières communales puisque tu sièges au Comité d’expansion économique de la Nièvre dès le 7 mars 1970 et tu le présideras à compter du 4 mai 1973 une dizaine d’années. Concomitamment, tu assures la Vice-Présidence du Comité Régional d’expansion économique de Bourgogne pendant 8 ans. En 1981, le Sénateur-Maire de Cholet Maurice Ligot te cède sa place de Président de la SEM à Paris de par ta proximité avec le Président de la République fraichement élu François Mitterrand.
L’Office Public des HLM que tu présides également t’offrira l’occasion de réaliser un de tes plus beaux projets, qui te tenait à cœur, à savoir la construction du foyer des Marizys.
Je m’autorise, de l’amitié que tu m’as généreusement accordée, pour redire ici que cette initiative est certainement celle qui te reste la plus chère et la plus précieuse pour toi !
Comme chez le diamant, chaque face de la pierre brille, car tu as dû combiner dans cette aventure la fonction de Maire et celle de Président de l’Office d’HLM. Une co-construction avec la solidarité comme oriflamme. Tu as suscité un enthousiasme reposant sur une vraie adhésion à ce projet !
Tu seras également un élément moteur dans la création de l’A.Ma.Co.S.Mi,(Association Machinoise de Conservation du Souvenir Minier) que tu vas animer fort longtemps, ainsi qu’à l’Harmonie Municipale.
Cet engagement de tous les instants est valorisé par la reconnaissance au titre de Chevalier de l’Ordre du Mérite le 7 janvier 1982 et le Président de la République François Mitterrand te nomme au grade de Chevalier de la légion d’Honneur le 1er janvier 1989 au titre de sa réserve personnelle de croix. Cette distinction te sera remise par François Mitterrand au Palais de l’Elysée.
Le 12 avril 1990, Monsieur le Préfet de la Nièvre te nomme Maire Honoraire.
Humaniste engagé, meneur d’hommes et de territoires, tu n’as eu de cesse d’engager projets et combats collectifs pour que chacun puisse trouver, dans la dignité, sa place dans une société souvent cruelle.
Tu appréciais la discussion et tu m’as redit à l’occasion de ma dernière visite, récente d’une douzaine de jours, que ce que tu as le plus aimé c’est le contact avec les gens.
J’aurai tendance à dire plus. Il y avait surtout cette façon bien à toi de rendre importants et responsables ceux qui t’approchaient.
La route est longue, tu nous lègues un sillon plein de semences. Sache, René, que tes étapes franchies et tes expériences réussies alimentent notre enthousiasme et notre détermination.
Songeons et partageons le Phénix de Paul Eluard
“ La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin, une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie à se partager”.